Éclipse
(Avignon, Palais des Papes, 23h, 16 juillet)
Le palais des papes bruisse des mots de spectateurs, des mots furtifs, des saluts, des mots de connaisseurs, des mots chics, d’autre carrément snobs. Les derniers spectateurs prennent leur place. Une voix se détache, madame F. vient d’apercevoir monsieur B., elle appelle, fort, elle est de ceux qui ignorent la discrétion.
Les trompettes ont sonné, la lumière baisse, la rumeur s’éteint.
En coulisse un vieil acteur, un grand acteur, s’apprête à entrer en scène. Soudain une ombre effleure sa mémoire, s’avance, perfide. L’acteur a une pressante envie de pisser, il a chaud, il transpire, et l’ombre prend ses aises.
La scène immense n’est plus qu’un vaste terrain vague qu’observe une nué de corbeaux perchés sur les hauteurs, et l’acteur est là tremblant, au bord.
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