Prosopagnosie
(Villeneuve-les-Avignon, 10 juillet)
Prosopagnosie, lui avait on dit après son AVC. Ce pourrait être le nom d’une plante grimpante s’accrochant sous son crâne. Chaque visage lui était devenu étranger. Il lui avait fallu reconstruire son monde. Il avait conservé la parfaite mémoire des étreintes, des baisers, des caresses, des brûlures, des coups. Il entreprit d’inscrire un nom face à chaque sensation retrouvée. depuis un an, il avait déjà rempli vingt trois cahiers. Il arrivait à la première fois qu’il fit l’amour. Elle s’appelait Anne, sa peau était étrange, légèrement granuleuse, une peau d’extra-terrestre, elle avait une grande connaissance des pratiques amoureuses malgré son jeune âge, ils avaient quinze ans. Son sexe était d’une inimaginable douceur. Ce souvenir lui provoqua une immédiate érection.
Mais surtout il entrevit un début de visage, un visage rond, une coiffure au carré, cheveux raides, mi-longs. Une lueur d’espoir apparut. Lorsqu’il arrivera aux premières caresses, celles de la mère qui sort l’enfant du bain, sera-t-il enfin capable de mémoriser à nouveau le visage de celle qui le mit au monde?
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