Brumes
(Landévénnec, 8 septembre, 10h 30)
Ce matin là le brouillard s’accrochait à la terre, aux pierres, aux arbres. Il régnait un silence propre aux confidences, même les oiseaux semblaient chanter à voix basse. Entre les murs effondrés de l’abbaye, crapauds et salamandres s’attardaient dans l’humidité. La grille était ouverte mais la brume faisait fuir les visiteurs. C’était un moment idéal pour s’entretenir avec les fantômes.
J’arrivai par le haut, par le chemin des moines, les ruines étaient désertes. Je m’assis sur la margelle du puits au centre de l’ancien cloître et attendis.
Je tendais l’oreille, guettais toutes les ouvertures, attentif au moindre signe. Qu’espérais-je, écouter un moine du cinquième siècle me confier ses égarements, entendre un autre du douzième siècle me parler de paix, converser avec un ancêtre facétieux, échanger un baiser et quelques recettes avec une crêpière du dix-huitième, connaître le grand-père que je n’ai pas connu?
Je ne sais pas, mais personne ne vint.
À midi je fus tiré de mes rêveries par le soleil qui enfin chassait la brume et le rire d’un enfant qui courait dans la prairie.
An image of great beauty--- and wonderful thoughts.
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