Le gris du Nord
(D280 entre Cousolre et Hestrud, Nord, 1er décembre)
Gris, uniformément gris. À la frontière entre la Belgique et la France, sur le bord de la route maisons de brique délabrées, ornières de boue. Et Maubeuge, Ah Maubeuge, rarement j’ai vu une ville aussi sinistre, surtout un dimanche avec un ciel que l’on pourrait toucher en se mettant sur la pointe des pieds. Maubeuge, nommée la Belle Balafrée après les ravages de la dernière guerre. Sans doute fallait-il attendre la lune et la nuit…Le Nord, le blues du Nord. Alors il faut se laisser faire, surtout ne pas accélérer, ralentir, ne pas rater l’envol d’un héron au dessus de la terre lourde, les traces d’une ancienne publicité peinte sur la façade d’une maison abandonnée, un énorme Terre-Neuve couché comme un lion à un carrefour, une fille en manteau rouge qui marche vite dans une rue déserte, il faut se laisser faire, goûter le Nord, comme il y a longtemps on a inhalé profondément la première bouffée de tabac gris.
Et me voilà dans la vallée de la Thure, sur une de ces routes qui sont sur les cartes soulignées d’un trait vert. Le plat pays à fait place à un vallon boisé, la rivière sinue, d’étang en étang. Je m’arrête au bord de l’un d’eux qui m’offre un bosquet posé comme un bouquet sur une table de verre. Je pense à la femme que j’aime, au bouquet du dimanche sur la table de bois.
J’inhale profondément cette bouffée de gris du Nord.
All that "gris" makes you think of the colors of the table and the one you love. I like that.
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