mercredi 25 décembre 2019


Noël à Ouaga


(Ouagadougou, 18 décembre)

Image d’épinal d’une rue de Ouaga.
Tout est calme.
Chacun s’affaire.
Plus loin, sur l’avenue Charles de Gaulle des gamins vendent des bonnets de père Noël aux portières des voitures.
Depuis quelques jours des guirlandes clignotent aux bâtiments officiels.
Le vieux Daouda s’inquiète des jeunes qui rejoignent les groupes jihadistes pour quelques centaines de francs CFA.
Au nord, on tue.
Ousmane me dit qu’il ne peut pas travailler, il lui faut un compresseur, ça coûte trop cher. Il dit qu’il faut prier, qu’il faut respecter ce que dit le Coran, ce que dieu dit. Il dit qu’il faut croire.
Son camarade Issa n’est pas d’accord, lui dit qu’il n’y a pas d’autre vérité que la terre, le vent, les arbres, la vie dans toute chose. Pas de dieu unique.
Depuis longtemps chaque village a une église et une mosquée. Combien de temps arrivera-t-on encore à s’entendre?
Au nord, on tue.
À Soumagou, un ami ne reconnaît pas sa cousine voilée des pieds à la tête.
Combien de temps encore?
Au nord on tue.
Burkina Faso, le pays des hommes intègres.
24 décembre, 42 morts à Arbinda près de la frontière malienne.
C’est Noël à Ouaga.
Nuit.
L’ami poète chante le peuple debout, il chante sa terre, ses héros, ses mères et ses  enfants.
Il chante l’unité contre la nuit.
Je chante avec lui.

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