La gargouille
(Carennac, Lot, 11h 50)
Chevaucher les dragons, danser sur les toits, se percher au sommet des cèdres bleus, d’en haut les grandes personnes sont muettes et minuscules.
Combien de fois avait-on retrouvé le petit Arthur en équilibre sur une corniche de pierre, tout en haut du clocher, ou à cheval au faîte du toit du château.
On le découvrait au matin chantant à tue tête des hauteurs.
Effaré, on le regardait sans comprendre comment cet enfant si petit était monté là-haut. On s’attroupait, on s’inquiétait, on s’interrogeait.
Avait-il escaladé le bâtiment avec le Vieux dont on connaissait les facéties?
Non, le Vieux ne l’aurait pas laissé seul là-haut. Et puis lui-même était-il encore capable de grimper ainsi?
Personne ne comprenait.
Alors on allait chercher des échelles, des cordes, et on s’y mettait à plusieurs, jeunes gens encore vaillants, pour faire redescendre le petit.
L’enfant parlait alors de tout ce qu’il voyait d’en haut, des prairies jaunies, des arbres secs, du bétails serré dans les moindres coins d’ombre, des allers et venus des uns et des autres, de la rivière qui avait maigri, des oiseaux qui venaient le saluer, mais jamais il ne dit comment il était arrivé là.
Le Vieux lui, savait. Le Vieux seul connaissait les secrets d’Arthur.
C’était une gargouille au gosier trop sec, un dragon de métal qui le soir se décrochait du toit pour aller tremper ses lèvres dans la rivière.
Une nuit Arthur était sorti en catimini pour cueillir des lucioles. Il avait rencontré le dragon sur la berge.
Arthur avait promis à la gargouille de ne rien dévoiler de ses escapades en échange de quelques tours de manège.
A lovely story--- Really, a fine story.
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