Le chauffeur
Charles
(Hendaye, 30 juillet, 21h 25)
Une Cadillac roule le long, le long de la plage.
La plage est longue, la plage n’en finit pas.
Le chauffeur a chaud, le chauffeur se tait.
La sueur coule sous sa casquette.
Le col de sa chemise est humide.
La radio joue du Chopin, il voudrait changer de fréquence.
Il voudrait un riff de guitare.
Chopin c’est pour madame qui s’ennuie à l’arrière en regardant la mer.
Madame boit du piano, elle boit pour oublier.
Elle ne sait plus quoi, alors elle boit du piano du matin au soir.
Et lui, le chauffeur, il voudrait un riff de guitare, un solo de batterie.
Il voudrait que la voiture décolle, trace dans le ciel.
Et sa casquette qui tombe au premier looping.
Il a chaud, trop chaud.
Son cul colle au siège de cuir.
Un riff de guitare, s’il vous plait.
Comment qu’avez vous dit Charles (dans les histoires tous les chauffeurs s’appellent Charles)?
Ça lui a échappé.
Hé bien qu’avez vous dit Charles?
Heu… Un riff de guitare… Je voulais….
Madame pose sa main sur l’épaule de Charles.
Arrêtez vous, Charles.
La Cadillac s’arrête, c’est un bateau qui accoste.
Déshabillez vous Charles et allez nager.
Mais madame, je ne sais pas…
Allez y Charles, je vous le demande, plongez, l’eau doit être fraiche.
Mais madame, je…
Allez y puisque je vous le dit.
Alors Charles se déshabille, court, plonge et se noie.
An almost Hitchcockian twist... I like it. Another exquisite photo!
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