Noir
(Urrugne, 12h 40)
Le froid est là.
La grêle claque sur les tuiles.
Il essuie la buée sur le carreau, lentement. Comme le faisait sa grand-mère au réveil.
La tempête a mangé les couleurs. La neige s’accroche à 700 m.
Vieillissant, il a de plus en plus le goût des couleurs, mais aujourd’hui ce noir lui va.
Il ne sort pas. Il regarde par la fenêtre les montagnes enneigées qui apparaissent et disparaissent au gré des averses.
Ce noir, c’est le noir de la terre que le père prenait à pleine poignée pour en apprécier la substance. Une main large, doigts épais, ongles noirs.
C’est celui des coins sombres que la lueur des bougies et du feu dans la cheminée n’atteignait jamais.
Il ne sort pas. Il regarde celui qui va courbé sous la pluie tenant d’une main sa capuche.
Il regarde le chien qui attend sous l’auvent, le grésil qui blanchit la cour, il regarde et il laisse agir le noir.
Another great line--- The storm ate the colors. A superb picture of those wild clouds.
RépondreSupprimer