mardi 10 juillet 2018


La roue tourne


(Avignon, Vaucluse, 9 juillet)

C’est une splendide journée de juillet, la roue tourne lentement, de là haut ils aperçoivent le Rhône piqueté de vaguelettes blanches levées par le mistral, le pont d’Avignon qui n’ose pas traverser, presque blanc au soleil, les hauts murs du palais des papes; sur l’autre rive, à Villeneuve-lès-Avignon, la tour Philippe le Bel, fière avant garde, et le fort Saint-André, inexpugnable.
André et Françoise se sont assis très près l’un de l’autre sur la large banquette. Leurs jambes, leurs bras, leurs épaules se touchent. Ils regardent droit devant, le cœur battant de l’urgence à dire je t’aime. À mi course, elle lui prend la main, ferme les yeux et dit: « Il fait bon… »
En bas sous le chapiteau, une fanfare joue la Grande Parade. André regarde Françoise, il voudrait l’embrasser, effleurer cette délicate fossette  qu’on nomme la marque de l’ange, entre le nez et les lèvres. Il ne voit plus que ce creux dans lequel minuscule il s’étend pour couler jusque dans la bouche comme une goutte de sueur. Il dit: « Je…Je…Je… »
La roue tourne, il ne reste plus qu’un quart de tour à André pour déclarer sa flamme. Jamais son bégaiement n’aura été aussi violent.

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