lundi 2 juillet 2018


Le Parfum du Freesia


 (Freesia, Vaucresson)

Le parfum du freesia
c’est une rencontre dans un théâtre parisien aux murs décrépis.
On y joue Ubu Roi, il déchire les billets aux rez-de-chaussée, elle distribue les programmes au premier étage.
Ce sont des mains qui découvrent la douceur d’une nuque blonde au petit matin tandis que dehors les roues des trains grincent sur les rails du terminus.
C’est un sourire, un geste, Sissy Spacek en équilibre sur les traverses d’une voie désaffectée.
Ce sont des lettres de Natashquan, des lettres que l’on attend, des lettres que l’on dévore, des lettres qui disent ce qui est.
C’est une robe mauve, une robe blanche, une salopette à rayures, des chahuts et des étreintes, dans la neige, dans les herbes, au bout du champ.
C’est une petite fille, si petite  qui souffle dans une flûte à bec en lisant un livre assise sur son pot.
C’est un petit garçon innocent, tellement innocent, qui roule à toute allure sur un  camion de plastique rouge et jaune.
Ce sont des nuits sur la nationale 20, les enfants dorment à l’arrière, les parents sont silencieux, la vie va.
Ce sont des départs, des retrouvailles, des lettres, encore, des coups de téléphone, des joies, des inquiétudes. Jamais de reproche.
Ce sont deux enfants agrippés à leurs parents sous une tente plantée au centre d’une prairie face à des arbres tortueux, lors de leur première nuit en pleine nature.
C’est un visage endormi, un baiser, des baisers, autant de baisers qu’il y a eu et qu’il y aura de jours.
Ce sont deux corps si parfaitement imbriqués qu’ils ont du être conçus l’un pour l’autre.
« Aux marches du palais  il y a une tant jolie fille lonla… »  Ils marchent dans les bois, c’est la première fois qu’il chante, elle lui apprend.
Le parfum du freesia, c’est un petit cordonnier qui ramène un bouquet dans la maison neuve, c’est le parfum d’une chanson, une chanson qui raisonnera encore lorsqu’ils n’auront plus de voix.

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