lundi 9 juillet 2018



Une nuit sans fond


(Travaillan, Vaucluse, 7 juillet)

Autrefois,  chaque matin elle ouvrait les rideaux et regardait loin, par delà les vignes et les cyprès, jusqu’au Ventoux à gauche, aux dentelles du mont Mirail à droite. Elle aimait ce paysage comme son père l’avait aimé. Elle avait plaisir à partager cette vue avec les visiteurs.
Mais lentement sa mémoire s’était altérée, son regard effacé. Elle ne regardait plus au dehors, sursautait au moindre bruit, ne quittait plus son pull de laine, même aux heures les plus chaudes.
Elle était égarée dans une nuit hachée, une nuit où la même question peut tourner pendant des heures, une nuit désertée de toute présence amie.
Mais le pire est qu’elle en avait parfois conscience. C’était alors des déflagrations plus douloureuses que la nuit sans fond.

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