Face à face
(Saint-Guénolé, Finistère, 17 septembre)
La vieille avait dit à Martin: «Tu vois, ces deux là, ils sont venus ici en armure de fer pour se défier. C’était au temps où les hivers étaient si rudes que la mer gelait, que les pierres cassaient, que les hommes seuls ne pouvaient survivre. Ils sont venus ici, en plein vent. Ils devaient se tenir face à face, les yeux dans les yeux, sans un geste, sans un coup, les yeux dans les yeux jusqu’à ce que la morsure du froid fasse céder l’un d’eux. C’était ainsi, c’était la règle lorsque deux guerriers se disputaient le cœur d’une femme. Mais ces deux là étaient si fiers, si forts, qu’aucun ne céda, que la glace les cloua au rivage. Le temps passa, les armures se couvrirent de rouille, les hommes devinrent pierres, la femme vécu avec un troisième. Tu vois, ils sont encore là. »
Alors chaque jour le petit Martin vient aux rochers. Il tape, il caresse, il chatouille le roc, convaincu que l’un des deux finira par bouger et détourner le regard
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire