vendredi 11 octobre 2019


Une journée en ville


(Place du Chatelet, Paris, 16h 30)

8h, la fenêtre ouverte, les oiseaux, les avions, le ciel marbré de blanc, quelques feuilles jaunes dans le jardin.
8h 10, les infos, Équateur, Irak, Syrie…
9h, le train, la lumière sur le visage d’un enfant dans les bras de son père, ils se ressemblent.
9h 20, station Saint-Lazare, un homme joue de l’oud dans un couloir, au dessus de lui est écrit sur les carreaux blancs: Comme une chimère captive.
9h30, un homme dort à même le sol enveloppé dans l’affiche déchirée d’une grande marque de prêt à porter.
10h, Marie-Pierre m’accueille dans son bureau en riant: « la vie est belle !»
11h, la rue, il fait doux, une voix chaleureuse au téléphone.
12h, déjeuner dans une brasserie. Le serveur se trompe de plat, il rougit, regard furtif vers son patron.
13 h 35, cinéma, un clown martyrisé met le feu à Gotham City.
16 h 30 place du châtelet, occupation et bloquage par le mouvement Extinction Rébellion, silence, des jeunes gens sont étendus sur des bottes de pailles, silence, des touristes regardent, silence, des passants indifférents passent, leurs emplettes sous le bras, silence, pas un flic à l’horizon. Le calme avant la tempête ?
Et je marche dans la ville jusqu’à 19h, sensation de marcher comme un bienheureux sur une bombe à retardement.
19h 30, au théâtre, l’histoire d’un prof au bout du rouleau qui flingue sa classe de terminale, au sens propre.
22h je rentre, la lune est presque pleine. Sur le quai de la gare de Vaucresson  un vieil homme dort dans un duvet impeccable, derrière lui des dizaines de sacs et de bouteilles vides parfaitement rangées sur le banc,  plus loin quatre poussettes  bien alignées, prêtes à recevoir tous ces trésors.
La nuit est douce, trois jeunes filles plaisantent sur le chemin, on perçoit le bruit sourd de l’autoroute, dans l’air un parfum de feu de bois.
22h 45, dernières infos, on vient de retrouver Xavier Dupont de Ligonnès en cavale depuis huit ans après avoir massacré toute sa famille.
À l’instant où j’écris ces lignes, il est 23h 30, Sophie rentre.

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