Le blockhaus
(Le Hourdel, Baie de Somme, 20 novembre)
Il y a quatre ans j’avais déjà photographié ce blockhaus planté dans le sable comme un vaisseau spatial naufragé (Billet du 2 décembre 2016, photo noir et blanc). Cette fois ci c’est une manipulation involontaire qui crée cet effet vert et gris. J’ai mis du temps à réinitialiser l’appareil, la technique n’est pas mon fort et j’aime les surprises du hasard.
Vert de gris, comme l’uniforme de Frantz qui à vingt ans a attendu entre ces murs gris, à coté d’une mitrailleuse MG 42, a attendu, la peur au ventre, le regard fixé sur la mer verte, a attendu un ennemi qui n’est jamais venu. Les alliés ont débarqué plus au sud, la mitrailleuse est restée muette et Frantz ne garde du Hourdel que les vagues opalines et les douces ondulations du sable à marée basse, un goût de paix mêlé d’un goût de peur. Si l’adversaire s’était présenté au pied de sa forteresse, aurait-il tiré sans hésitation? Frantz se souvient parfaitement de cette terrible appréhension à l’idée de tuer. Il n’a pas eu à le faire, il ne condamne pas pour autant ceux qui l’ont fait, c’est la guerre. C’est ce que Frantz tente maladroitement d’expliquer à son petit fils qui ne voit dans ces bâtiments en porte-à-faux qu’une surface à taguer ou un lieux de rendez vous amoureux.
Fascinating image!
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