jeudi 21 novembre 2019



Pour que ça aille mieux


(Chapelle Saint-laurent, Eu, Seine-Maritime, 20 novembre)

Hier matin, le ciel était laiteux, la campagne givrée, je quittais le Tréport pour aller plus au nord. Je m’arrêtai après seulement quelques minutes de route, pour une chapelle solitaire posée sur une colline dans un léger contre-jour. Je me suis garé sur le bas côté, j’ai regardé le paysage, longtemps. Je l’ai photographié, comme je fais souvent depuis que je tiens ce blog. Quelque chose me dit de m’arrêter, je ne sais pas toujours quoi exactement, ce n’est pas que la beauté du paysage, c’est autre chose, des histoires d’hommes et de femmes. J’ai vu là quelqu’un monter sur le chemin, un homme en bleu de travail, un bleu usé, une écharpe de laine autour du cou, une écharpe tricotée par sa grand-mère, sa mère ou sa fille ou bien son fils, un homme qui avançait tranquillement, les mains derrière le dos. Le soleil s’accrochait aux ardoises du toit, les prairies  gardait un peu de blancheur de la nuit froide, l’homme allait, tranquillement, soufflant de petits nuages, il allait à la chapelle allumer un cierge, pour que ça aille mieux, juste ça, que ça aille mieux. Oh, il ne croit pas vraiment en dieu, mais il aime bien venir  là, et puis on ne sait jamais, si ça pouvait aller un peu mieux…
Il y en a tant qui viennent, comme ça, seuls, discrètement, allumer des cierges ici ou ailleurs. Certain sont croyants, d’autres non, mais tous ils aimeraient que ça aille mieux, pas nécessairement pour eux mais pour d’autres. Ces petites flammes donnent  corps à des pensées, on ne sait jamais…
Moi, je n’allume pas de cierge, je raconte des histoires. C’est pour ça que je vais par monts et par vaux, pour raconter des histoires, hier à Flocques, aujourd’hui à Hames-Boucres, demain à Billy-Montigny. Et plus je vais, plus j’en cueille. Raconter des histoires pour que ça aille mieux, juste ça, on ne sait jamais…

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