Le jardin de pierres
(Abbaye d’Orval, Belgique, 10 novembre)
Le moine à posé son râteau de bois contre l’une des colonnes de pierre de la galerie qui longe le jardin sec. Il se frotte les mains, doucement. Il regarde les lignes qu’il vient de tracer, il n’est qu’un grain de sable parmi les autres. Dans le profond silence, un lointain bruit de ressac, infime. Ce sont ses paumes l’une contre l’autre. Le ciel est gris, sur les vagues de sable, une lumière douce, silencieuse. L’homme compte, il compte les traits dans le gravier.
Soudain, là-haut, une éclaircie. Un rayon de soleil passe entre les arches de pierre, caresse le sable, s’accroche à l’arrête du rocher. L’homme sursaute, ses mains s’immobilisent, son cœur se tord.
Dans un pays du nord, un grand rocher surplombe un lac noir. C’est l’été, c’est le soir, un soir sans nuit, un soir d’argent, un soir de juin. Une fille rit aux éclats. Ses yeux sont bleus, ses cheveux blonds, sa peaux piquetée de rousseur, elle rit, son rire ricoche sur les eaux noires. Elle porte juste une culotte et un pull de laine beige. Sur le rocher deux jeunes hommes nus, légèrement ivres chahutent, ils chahutent et plongent, l’un après l’autre, c’est à celui qui réalisera la plus belle ou plus drôle figure, ils remontent, plongent à nouveau, le lac n’en peut plus de faire des ronds et la fille de rire. Et quelque part Jacques Brel chante La Fanette.
Le moine ferme les yeux, il attend que ça passe, que la lumière s’en aille, que le jardin retrouve sa paix.
You are a romantic, you are a poet. Best you should hide or they will be coming for you! :)
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