lundi 13 juin 2016


Portraits


Félicie a écarté d’un doigt le rideau blanc de la lucarne, et a longtemps observé l’homme qui photographiait sa maison. Dès qu’elle s’est sentie repérée, elle s’est reculée dans l’ombre avec un petit rire malicieux. Elle en avait assez vu. Puis elle est descendue dans la pièce principale, elle a fait un peu de place sur la table de chêne, a pris ses crayons de couleurs et une feuille de papier Canson et a commencé à dessiner l’homme: Le front dégarni, qui brillait au soleil, les cheveux grisonnants, des lunettes aux montures bleutées, des traits fins, un très léger double menton (oh ça, ce n’est pas facile à dessiner) et un petit bouton sur le nez  (surement un homme qui se gratte), une chemise à fleurs, des fleurs rouges et vertes (c’est bien la couleur), un pantalon de toile large avec de grandes poches sur les cotés (lui, c’est un collectionneur) et des mocassins bateaux beiges et bleus. Il avait aussi une sacoche de cuir brune à l’épaule (celui-là n’est pas en vacances); elle a tout dessiné, le plus fidèlement possible. Puis au crayon noir  sur le dos de la feuille elle a écrit l’histoire de cette homme. Ensuite, avec une pince à linge elle a accroché le dessin  à un fil tendu en travers de la pièce.
Partout dans la maison il y a des portraits pendus à des fils.
Sa maison est dans la montée qui mène au château de Saint Laurent d’Olt. Elle a décoré sa façade dans le seul but d’attirer le regard et saisir ces vies passantes.
L’hiver, quand personne ne vient, elle parle à ces images qui habite sa maison
C'est ainsi que vit Félicie...

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