jeudi 15 mars 2018



Cheveux


 (Poitiers, Vienne, 14 mars)

Quand j’étais enfant, ma mère m’emmenait chez un coiffeur à Suresnes, un petit coiffeur pour homme uniquement. Il y avait trois marches devant l’entrée. Je me souviens de la publicité Pétrole Hahn que je fixais sans rien dire tandis que l’on me coupait les cheveux en brosse, une brosse très courte.  Je détestais ça, je voulais des cheveux de fille, des cheveux qui tournent, des cheveux que l’on rejette d’un mouvement de tête, des cheveux qui caressent les épaules, des cheveux qui s’étalent sur l’oreiller, des cheveux qui coulent, bouclent, et s’emmêlent, des cheveux de soie, des cheveux que l’on voit de loin.
À treize ans je troquais les culottes courtes et pantalons gris qui grattent pour des jeans, les polos moulants pour des chemises portées toujours ouvertes au col. Je refusais désormais d’aller chez le coiffeur. Mes cheveux ont poussé, noirs, bouclés, des cheveux de sauvageon dont je prenais grand soin.
Je me sentais plus grand, plus fort. Un de mes oncles, chaque fois qu’il me voyait me disait: quand vas tu chez le coiffeur? je ne répondais pas, je me contentais de le regarder avec un grand sourire.
Nous étions en 1968.

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