À l'endroit
(Vaucresson)
Il y a eu une éclaircie, je suis descendu au jardin, j’ai ramassé le bois mort, les feuilles vernissées du néflier et les fougères fanées. J’ai posé mes outils et j’ai longtemps regardé les primevères et les jonquilles qui tapissent la prairie. Leurs couleurs ne suffisaient pas à me soulager de cette lassitude des jours gris et des pluies froides. Il fallait me pencher, m’asseoir dans l’herbe humide, me rapprocher des fleurs jaunes, rouges, mauves, blanches, bleues, toutes sortes de bleus, quelques abeilles et frelons, un papillon et des pucerons pour me tenir compagnie.
La pluie revenait, à gouttes espacées. J’allais remonter à pas lents, quand quelques fleurs de faux jasmin disposées en cascade ont attiré mon attention. Il y avait là de quoi danser, de quoi voler, chouette effraie surgie des cavernes, danseuse étoile en équilibre au bord des gouffres, papiers volés à la nuit, broche d’ivoire au col d’une vierge noire, calligraphie en négatif pour me remettre à l’endroit.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire