vendredi 6 avril 2018



"Cayenne, c'est fini..."


(Guyane, 9 mars 2013)
« Cayenne, c’est fini…. »
Ce devait être en 1978. J’étais étendu, les bras en croix au dernier étage du Centre Américain, Boulevard Raspail à Paris. Atelier de théâtre Blanche Salant, exercices méthode Feldenkrais avec Paul Weaver. J’ai un mal fou à me concentrer. Un son monte du rez-de-chaussée, une voix. Ma conscience n’est déjà plus dans ces lents mouvement des bras, mais trois étages plus bas. J’ouvre les yeux, je glisse sur le coté, je regarde mes camarades en pleine relaxation, je me lève et m’éclipse. Je dévale l’escalier, j’entre dans la salle de spectacle au rez-de-chaussée. La salle est à moitié vide, sur la scène un énergumène se donne sans compter. « Juste ce que tu sais faire, le minimum… ». Je suis sous le choc.
Le lendemain j’achetais l’album Alertez les bébés.
Je découvrais Jacques Higelin, j’avais 23 ans, je vivais une époque de folle émancipation. je l’ai vu plusieurs fois en concert, à la fête du PSU à la Courneuve, à Mogador. J’ai toujours les premiers vinyles. J’ai écouté Alertez les bébés en boucle. Je ne me souviens plus très bien de tout. Peut-être y-avait-il aussi Areski et Brigitte Fontaine au centre américain.
Dans les années 80 je me souviens l’avoir vu faire le bœuf à quatre heures du matin au restaurant Chez Ali où nous nous retrouvions avec les camarades de la ligue d’improvisation les lundis soir après le spectacle.
Je ne l’écoutais plus beaucoup, il n’a pas toujours eu ma préférence, mais j’ai toujours aimé sa fantaisie, sa liberté, sa façon de parler. Cet homme était un oiseau, un ciel, une mer, il était pluie et soleil mêlés.
C’est sans doute le chanteur qui aura été au plus près de toutes ces années écoulées depuis le jour où je décidais de tracer ma route sans rien demander à personne.
Alors bravo monsieur, bravo et merci, monsieur « le poseur de girouette ».

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