Cocaïne
(Vaucresson, 5 novembre)
Elle tenait le mur du vingt-cinq rue Saint-Denis. Ses fidèles l’appelait cocaïne. Elle était une anomalie sur le trottoir. Elle s’offrait aux bègues et aux sans papiers. Pour chacun elle avait la tendresse d’une amoureuse. Rousse et veloutée, elle ravivait les feux éteints, ses baisers donnaient de la voix aux taiseux, ses caresses étaient des prières, son sexe un sanctuaire.
On l’appelait cocaïne, c’était une pute, c’était une sainte.
Un jour, on ne l’a plus revue, pas même une ombre sur le mur du 25 rue Saint-Denis.
Les hommes passaient et repassaient, la tête basse, un voile dans le regard, n’osant demander des nouvelles. En auraient-ils eu?
On ne l’a plus revue, ils l’appelaient cocaïne, c’était une sainte.
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