Les géants du dessous
(Au pied du Jaiskibel entre Fontarrabie et Pasajes, Espagne, 25 août, 8h 55)
C’est une crique à histoires, une crique au pied du Jaiskibel, un chaos de rochers, l’océan qui cogne par gros temps. Tout au fond une bambouseraie et un ruisseau qui coule sur un lit de sable surplombé de roches sombres. L’océan pour les histoires de guerre et de tumulte, pour la course au large, le mystère des abysses, les naufrages, les sirènes et les poulpes géants, le capitaine Némo et L’Île mystérieuse, les grandes traversées et les nouveaux rivages. Le ruisseau pour les histoires d’amour, le chant des mères, le sommeil des enfants, pour la patience, pour les histoires de ceux qui attendent, pour les souvenirs, pour les naissances, pour les histoires de paix et les amitiés improbables.
C’est un jour de beau temps, de mer calme, une mer qui murmure aux oreilles des pierres, à peine un léger clapot. Arthur et le Vieux sont partis aux aurores avant que le soleil ne soit trop fort, ils sont partis sur le sentier des douaniers, celui qui longe l’océan, qui monte et descend d’une crique à l’autre.
Le Vieux avait dit à Arthur, demain je te conduis au ruisseau qui parle de tes arrières et arrières arrières grand parents, il faudra se lever tôt. À six heures Arthur, habillé et chaussé, attendait à la porte de la chambre du Vieux que celui-ci se réveille.
Un rapide petit déjeuner, flocons d’avoine et café au lait, Arthur n’aimait pas trop les flocons d’avoine mais quand il était avec le Vieux, il faisait tout comme lui, sauf pour le vin rouge, donc flocons d’avoine et café au lait et les voilà partis sur le sentier, Arthur avec son petit sac sur le dos et son bâton taillé par le Vieux, et le Vieux avec sa besace et son makila.
Il fait encore frais quand ils arrivent à la crique aux histoires, le soleil n’est pas encore passé au dessus de la montagne. Ils sont tous les deux fatigués, mais il ne faut pas le montrer, le Vieux trop orgueilleux pour ne pas dissimuler son essoufflement, et Arthur prêt à tout pour marcher comme un grand.
Au fond de la crique, ils ôtent leurs chaussures et plongent leurs pieds dans le ruisseau. L’eau est fraiche et douce, elle fait de minuscules vagues parfaitement lisses sur leurs chevilles.
-Ce sont les mains de ceux qui reposent ici qui font connaissance, leur caresse leur dit qui tu es.
-Ben, c’est pas compliqué, je suis Arthur, c’est tout!
-Oui, mais tu es fait de beaucoup de choses, de ces bambous d’Asie qui frissonnent dans le vent
par exemple.
-Ça va pas pas la tête, je ne suis pas en bambou, je suis un petit gars, un vrai de vrai et je m’appelle Arthur.
Arthur est vexé, il voit bien que quelque chose lui échappe, il ne comprend pas toujours le Vieux.
Il remet ses chaussures et s’en va tout au bout des rochers, jusqu’à la mer.
En se retournant pour voir si le Vieux le suit, il aperçoit un visage sculpté sur une pierre par l’érosion.
-Hé, le Vieux, ça, c’est la tête de mon arrière grand-père ou de mon arrière arrière grand-père?
-Oh, Arthur, bien plus ancien vois tu. Sous tes pieds, au centre de la terre, il y a des géants qui dorment, des géants de pierre, ils dorment depuis des siècles et des siècles, pour des siècles et des siècles. Quand ils bougent un peu dans leur sommeil, la terre tremble. Si jamais ils se retournent alors…. C’est ce qui est arrivé ici il y a 40 millions d’années. Ils dormaient profondément, emboités les uns dans les autres. L’un d’eux à fait un cauchemar, un petit homme ridicule forait la terre avec une machine bizarre à la recherche de je ne sais quoi. Un long, un interminable tube de métal venait d’en haut en vrillant et crissant. Le géant s’est réveillé, il s’est retourné en sursaut, bousculant les autres, soulevant la terre, éjectant les plus faibles qui se sont figés dans la lumière du jour. Ainsi est née la montagne. Ce visage est sans doute celui d’un géant du dessous.
-Ah bon, un géant du dessous…
Sur le chemin du retour, à la moindre occasion Arthur frappe le sol avec ses pieds, avec son bâton, il frappe, il frappe, rien ne se passe.
-Un géant du dessous, tu parles!
Yes-- The face on the main rock was the first thing I saw. Then I saw 5 other faces. If I keep looking I will see my own great-great-Grandfather. Another wonderful tale with Arthur and the Old Man. Thanks.
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