mercredi 14 juin 2017


Fugue


Siméon a six ans. Ça fait trois jours qu’ils sont en vacances dans ce petit hameau. Ses parents lui ont dit: « tu verras, c’est bien là bas, il y a de l’espace, des animaux… ». Tu parles, y a pas une bestiole, les fermes autour sont des gîtes où viennent s’emmerder des gens comme eux. La seule bête qu’il ait vue c’est un papillon qu’il a dégommé d’un coup sec. Y a même pas de télé, ni la Wifi. Ses parents n’ont pris ni ordinateur, ni tablette, ça nous fera du bien ont-ils dit, et moi, je fais quoi? Ils n’ont même pas été foutu de me faire une petite sœur ou un petit frère que je puisse les embêter. Après avoir fait trente six fois le tour du jardin sans rien trouver à y faire, après avoir jeté quelques cailloux par dessus le mur, Siméon en a eu marre et a décidé de fuguer. Il a pris de quoi manger dans le frigo, du jambon et une boîte de  vache qui rit, ça c’est super bon, un morceau de pain et une bouteille de coca; il a piqué un billet de cinq euros dans le porte monnaie de sa mère, il a pris son k-way, son doudou, un pull et un couteau  au cas où; il a tout mis dans son petit sac à dos, et il s’est tiré au petit matin avant que ses parents ne se réveillent.
Il a traversé le village, et quand il est arrivé prés du cimetiière, à la sortie, il s’est arrêté net, terrorisé par cet arbre, un monstre qui l’interdisait de passer. Il a fait demi tour, est rentré sans faire de bruit, s’est recouché et a attendu que ses parents se réveillent.

(Lonnes, Charentes, 6 avril)

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