mercredi 11 octobre 2017



La Cheminée


(Mazères-sur-Salat, Haute-Garonne, 27 août)

L’usine a fermé il y a seize ans. On y fabriquait du papier à cigarette. Les machines se sont tues puis ont disparu. Les hommes ont lutté puis sont partis. La cheminée restait debout, froide mais debout, invincible avec son paratonnerre.
Des rêveurs, des poètes, des saltimbanques sont arrivés. Ils étaient deux, avec leur petite fille qui marchait à peine. L’usine a bruissé a nouveaux, les coup de marteaux, les grincements de la scie, les grésillements du fer à souder, les voix qui s’interpellaient dans cet espace vide.
Une maison est née, un théâtre est née.
Maintenant l’usine est le terrain de jeu de la petite fille qui a grandi, le linge sèche sur le toit, dans la cour, à la place des graviers, il y a un potager. Au rez-de-chaussé, il y a l’atelier de Henry -  je l’appelle Henry Vintage pour son aptitude à dénicher l’objet rare - et puis le théâtre où raisonne la voix et le violon de Délia. Là, entre l’atelier et le théâtre, ces deux artistes fabriquent des spectacles de marionnettes pour les tous petits et de temps en temps accueillent d’autres rêveurs, saltimbanques et poètes.
Vendredi soir je présenterai à Colombes dans les Hauts-de-Seine un spectacle musical conçu avec des textes de ce blog, des histoires d’hommes et de femmes  sur le bord, des destins en friche. Nous avons travaillé là, à l’usine, où la cheminée veille.
Là où il y a encore de grandes salles vides où chantent les fantômes quand la lumière passe par un carreau cassé.
C’était le bon endroit.

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