À l'arrière de la Fenice
(Venise, Italie, 23 janvier)
En 1981 je jouais à l’opéra comique avec une magnifique troupe. Je découvrais les ors des grands théâtres. En coulisse chaque technicien avait une tâche attribuée, l’un d’entre eux avait sa chaise à jardin. Il était chargé d’ouvrir le rideau de scène. Tirer sur la guinde au début du spectacle, se rasseoir, attendre la fin, tirer à nouveau.
Ce soir, à l’arrière de la Fenice je pense à tous ceux qu’on ne voit pas, oh combien indispensables.
À quoi pensait l’homme du rideau pendant le spectacle? À sa famille, à ses soucis, aux prochaines élections, à rien, ou bien suivait-il attentivement le spectacle, rêvait-il d’un voyage à Venise avec la jeune première, une blonde diaphane qu’il embrasserait sur un petit pont à l’arrière de la Fenice?
J'ai connu, Pierre, un technicien dans un petit théâtre qui connaissait certaines pièces ou rôles par chœur ; je sais et vois au Grand Théâtre des ouvreur(se)s si passionné(e)s qu'ils suivent dans chaque représentation intensément, ils ont une telle passion qu'elle les éclaire dans l'ombre.
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