Le dernier jour de l'année de mes soixante deux ans
(Travaillan, Vaucluse, 31 décembre)
C’est le dernier jour de l’année. Le soleil a du mal à se lever. le froid pique le bout des doigts, les câbles électriques grésillent. Un garçon en culotte courte surgit de la brume. Il me dévisage attentivement. Je ne bouge pas. Quelque part un chien aboie. Le garçon me tend une trousse d’écolier. Elle est lourde. Je l’ouvre, ce ne sont pas des crayons mais des billes de verre, chinoises et américaines, de toutes les couleurs. Je saisis une bille, la fait rouler entre mes doigts engourdis. je reconnais la trousse, je reconnais le garçon. Je passe la main dans ses cheveux coupés en brosse. Il rit. Maintenant je suis chauve. Nous ne nous sommes jamais quittés. Éloignés parfois, souvent même, mais jamais quittés.
Et je me dis ce matin sur le bord de la route, le dernier jour de l’année, l’année de mes soixante deux ans, que nous nous retrouverons de plus en plus souvent.
...
RépondreSupprimer"les poussières de mes jours
qui chantent à jamais
dans mes mots d'enfant."