mercredi 2 décembre 2020


Le parfum de  la mousse au bout des doigts

(Forêt de Rambouillet, Yvelines, 4 octobre, 16h)

J’ai posé la main sur la mousse dans le rayon de soleil, c’était moelleux comme le dos d’un mouton en hiver. 

Je me suis souvenu de toutes les fois où j’ai frappé un animal ou une personne.

Ce n’est pas arrivé souvent, très rarement même, mais c’est arrivé. 

Je me suis souvenu de toutes les fois où j’ai désiré frapper une personne, où je l’ai ardemment désiré mais ne l’ai pas fait. C’est arrivé un peu plus souvent.

Je suis resté longtemps ainsi, à genoux sur les feuilles mortes devant l’ancienne souche, la main droite sur la mousse tendre, chaude et fraîche à la fois.

Puis je me suis souvenu de toutes ces marches dans les sous bois, de la mousse sur les pierres, du regard d’un chevreuil aux aguets, de sa fuite bondissante, d’une femme cueillant des myrtilles, l’extrémité de ses mains blanches rougie par les fruit qui poussaient à foison entre les pierres.

Alors j’ai retiré ma main et j’ai repris ma marche, le parfum de la mousse au bout des doigts.

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