samedi 3 octobre 2015


Ecorce


 L’amnésique, dans sa case de tôle martelée par la pluie, se regarde dans un miroir brisé. Sa main droite effleure sans cesse son visage, parcourant du bout des doigts la moindre ride. Il se regarde fixement ; plus il s’approche du miroir, plus il lui semble pénétrer un territoire inconnu, grossi au microscope ; parfois il doit d’un revers de main effacer la buée  laissée par son haleine lourde de rhum ; alors le grain de sa peau, la moindre aspérité, les taches brunes, les poils naissant, les vaisseaux éclatés dans ses yeux verts, l’intrigue au plus haut point…

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