vendredi 16 octobre 2015


Luisa


Ce matin quand Luisa a pris le train de sept heures pour Ostie, le ciel était clair. Elle s’est vêtue d’une robe légère, la bleue, à pois, que Marcello aime bien. Marcello travaille au même restaurant. Elle sert, lui est barman. Parfois il jongle avec le shaker et les citrons, ça la fait rire. La journée a été calme, peu de monde, nous sommes en fin de saison, et tous les deux se sont beaucoup regardés.
 Dans le train du retour, à dix huit heures, il y avait un jeune roumain qui jouait de l’accordéon. Il jouait divinement bien et son sourire brûlait. Le ciel s’est couvert, le temps du trajet, et juste avant le terminus, une pluie drue s’est abattue sur le train. Le jeune homme a enveloppé son accordéon dans son sweat bleu avant de descendre. Luisa le regardait, fascinée. Elle l’a suivi.
 La pluie a vite cessé mais sa robe est trempée. Elle grelotte. Le jeune homme s’est arrêté sur cette colline qui surplombe Rome. Il vient souvent dormir dans ce parc. Luisa est derrière lui, elle l’observe. Il pose l’accordéon. Un dernier son, un seul , dissonant. Elle désire ardemment se coller contre le dos de cette silhouette à contre jour, qui se fond dans le noir de l’image. Pourquoi faut-il que je tombe sans cesse amoureuse, se dit elle…

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