vendredi 23 octobre 2015


 Blues


La nuit vient de tomber. Dehors, il bruine. Ils ne sont plus que deux , hors champ, dans ce café restaurant. Au bout du bar, à droite, une femme en manteau léopard, grossièrement maquillée, les cheveux mouillés. Elle regarde fixement son verre de blanc en passant son doigt sur le rebord taché de rouge à lèvres.
A gauche, assis à une table, un jeune homme. Dix huit ans à peine, cheveux longs, bouclés, vêtu d’une veste de surplus militaire. Sur la table, quelques feuilles de papier froissées, un stylo, un livre, Les Chants de Maldoror, une tasse de café et un paquet de gauloises sans filtre.
La femme et le jeune homme ne bougent quasiment pas. Caméléons. On pourrait presque entendre leurs respirations. Chaque son reste suspendu, tandis qu’à l’extérieur, le bruit des voitures sur la chaussée humide rythme la nuit.
Ils voudraient que le temps s’étire, se distorde, s’évapore, ils voudraient chacun disparaitre dans la couleur.  Ils  voudraient  ne plus jamais rentrer chez eux…

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