L'expulsion
Au parc de la tête d’or, un homme avec un gros sac titube au bord du lac. Il a emporté tout ce qu’il possède: un coquetier en marbre et bois qui lui vient de sa grand mère, un petit Bouddha en bronze provenant d’Angkor que lui a légué son grand père, trois figurines de plomb,un zouave, un pompier et un voyageur avec une valise, un Mégasoma Actaeon, autrement dit un scarabée géant naturalisé dans une boite de palissandre , que lui a offert son oncle pour ses quinze ans, une peinture sur bois de seize centimètres sur onze représentant une silhouette solitaire sur un sentier de montagne, peinture qu’il n’a pu s’empêcher de voler chez une vieille dame, trois livres écornés, Alcools, de Guillaume Apollinaire, Sonorités pour adoucir le souci, poésie traditionnelle malaise traduit par Georges Voisset, et Le Festival de la couille, de Chuck Palahniuk, un coupe coupe, trois assiettes en porcelaine de Limoges enveloppées dans du papier journal, une tasse en fer blanc, deux fourchettes en argent et une cuillère en corne de buffle, trois chemises Pierre Cardin dont une en soie colorée avec des motifs géométriques, un pantalon noir, un pull vert en cachemire, un anorak bleu marine, deux slips à rayures et une paire de chaussette DD à losanges, une clarinette dans son étui, et enfin un petit ours en peluche élimé vêtu d’un chandail bleu tricoté par sa mère. Il a trop bu, le cinquième Bourbon était de trop, il n’a plus un rond, mais il fallait bien ça. Il pensait tenir l’hiver, hélas non ils viennent de l’expulser, ce vingt trois octobre, juste avant la trêve hivernale…
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