La journée est finie
(Vaucresson, Pierre de Roland Vincent)
La journée est finie.
Les vaches viennent à l’abreuvoir d’un pas lourd, la queue chasse les mouches sur l’arrière train crotté.
La mère appelle l’enfant qui n’en finit plus de faire glisser les têtards entre ses doigts. L’enfant ne répond pas, fasciné par la marre grouillante. La mère appelle plus fort, d’une voix aiguë, qui raisonne jusque chez les voisins qui font: Ah, c’est Jacqueline…
Le père pose son bâton contre le mur de la bergerie, ôte son béret, passe la main sur son crâne, et remet immédiatement le béret, un peu en arrière.
Lui n’appelle jamais l’enfant, il le laisse faire. Il sait le prix de la liberté.
L’enfant rentre enfin, en courant, comme toujours. Il ne marche pas, jamais, il court ou il reste immobile. Il regarde, il écoute, il touche, puis il court. Il y a urgence à découvrir le monde.
Le père et l’enfant sont assis à la table de bois. La mère serre la soupe. L’enfant fait tourner les yeux du bouillon dans l’assiette.
Dans l’étable, il fait chaud, on entend le souffle des vaches.
Les fleurs se sont fermées, les chauves souris strient le ciel de leur vol vif.
Le père s’est endormi, il ronfle. La mère lui caresse le ventre, les ronflements cessent. Ils reprendront quelques instant plus tard.
L’enfant ne dort pas, il écoute les chiens errant qui aboient dans la nuit.
Sous le noisetier la pierre endormie recueille les rêves des derniers venus.
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