Parcoursup
(Sur la D 9O3 entre Valence-d’Albigeois et Requista, 24 mai)
Dans le bus scolaire qui l’emmène au lycée, Thomas regarde distraitement le paysage, la tête contre la vitre, les écouteurs vissés aux oreilles. Led Zeppelin, Whole Lotta Love. Quand son père lui a donné son vieux 33 tours il y a deux ans, il a fait la fine bouche, c’est une musique de ringard lui a-t’il dit, maintenant il l’écoute en boucle.
Le paysage est doux aux premières lueurs.Thomas dessine ces collines depuis qu’il est tout petit, il a toujours dessiné, les collines, les hangars et les machines agricoles. Il voudrait partir, vivre en ville, faire une école d’art et de design, créer des pochettes de disque, inventer des machines, travailler avec des ingénieurs, des chercheurs, des artistes. Thomas a un joli coup de crayon, mais n’est pas très bon élève, un peu dyslexique, son dossier est très moyen, il habite un bled paumé. Aucun de ses vœux post bac sur la plateforme Parcoursup n’a été accepté, non, non, six fois non.
Thomas a la jambe qui tremble nerveusement, est-ce la peine de passer le bac? Il reste les écoles privées hors Parcoursup mais il sait que ses parents n’ont pas les moyens et puis son père aimerait bien le voir travailler avec lui à la ferme, prendre la suite. Ce n’est pas ça qu’il veut. pourquoi ne lui laisse-t’on pas une chance?
Thomas regarde les collines, le ciel, ferme les yeux et monte le son de son iPod.
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