Journée électorale
(Biarritz, 26 mai)
Faut venir là pour plus penser; l’océan boit, le poisson écoute.
Ce matin Nicolas avait la soupape qui sifflait et personne pour baisser le gaz. Édith lui a dit faut voter, c’est important l’Europe, c’est l’avenir de nos enfants. Lui, il n’ira pas, ils sont tous pareils, ils sont entre eux, ils manigancent, ils se refilent des enveloppes, ça sert à rien. Et puis ça puait le shit dans la chambre de son fils, alors les enfants, de toute façon ils font ce qu’ils veulent. La dessus sa fille s’en est mêlée, insoumis qu’elle a dit, insoumis, faut voter, tu as des devoirs papa. Ouais, et toi tu as fait les tiens, tu étais où hier soir! Vieux con, elle a balancé, et la porte a claqué. Alors il a dit a son fils, ça pue le shit, et le fils a dit non, lui, si, le fils non, lui si, putain on s’en sortira jamais. Édith a recommencé, faut voter, ce que tu veux mais tu votes, bon à gauche quand même, on a toujours été à gauche non. Ouais, toujours, et Chirac, et Macron? Mais là c’était pas pareil…. Tu m’emmerdes, si tu as des convictions, respecte les, et si tu changes d’avis assume. Et la porte a claqué, cette fois-ci le porte-manteau est tombé. C’est la cinquième fois en un mois qu’il tombe, la porte est creuse, les chevilles ne tiennent pas, Hé merde, ben oui, c’est creux! Il a pris sa canne et il a filé au vieux port. Il ronchonne sur la digue. Ça mord, il rejette le poisson à l’eau. Il ne va pas leur ramener de la friture en plus. C’est curieux, il n’y a personne aujourd’hui, ils sont où ses potes, ils sont allés voter? Peut-être bien qu’il va y aller quand même, parce que le poisson, la mer, tout ça…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire