Soif de paysage
(Landévennec, Finistère, 8 septembre 2019)
J’avais soif. Soif de paysage. La gorge sèche, un fourmillement au bout des doigts, une démangeaison dans le dos, à la naissance des ailes.
J’ai descendu la Grande Rue, j’ai pris la rue de la Folie, puis la sente du Bois des Dames entre les maisons bourgeoises et les jardins clos, jusqu’au bois du Butard. Là, j’ai évité la boue en marchant sur le tapis de feuilles jaunes, j’ai cherché le ciel entre les arbres. Il était uniformément gris, le gris d’un manteau de vieux. Il y eut un temps où aucun homme n’allait sans chapeau, où il suffisait de baisser légèrement la tête pour se dissimuler dans l’ombre du rebord de feutre, où à l’inverse, d’un geste discret soulever le couvre-chef en guise de salut. C’était le temps de mon grand-père qui souvent venait dans ces bois ramasser des champignons.
Je suis rentré par l’avenue Clarisse, puis l’avenue Le Nôtre, le long du golf du Haras Lupin, éclairé soudain par un tardif rayon de soleil. Je montai sur un muret pour goûter ce début de paysage, malgré tout trop artificiel pour étancher ma soif.
Le soir venait, le ciel s’ouvrait enfin, les arbres sur mon chemin jonglant avec la lumière.
Mais c’est de l’immensité qu’il me fallait, une plaine à bisons, un horizon à cent quatre vingt degrés et des routes dont on ne voit pas le bout.
Arrivé à la maison je suis monté tout en haut regarder le ciel par la fenêtre de toit. Il rougissait sur les toits des maisons, mais je ne voyais toujours pas assez loin.
La nuit était venue, j’avais toujours aussi soif.
En fouillant dans d’anciennes images, j’ai retrouvé celle-ci où l’eau et le ciel sont mêlés, où l’horizon lui-même a disparu, je l’ai longtemps regardée, j’ai aimé m’y perdre avant d’aller dormir.
Je me suis alors souvenu qu’il y avait chez mon grand-père un petit tableau représentant un berger et ses moutons au sommet d’une colline, et un paysage qui se perd au loin dans les brumes.
A misty story--- but vivid in the way the hat can be used. Ah--- the picture. You may laugh, but in the first second of seeing the picture, I thought boats were ducks-- and the raised motors were their bills. That imaged vanished almost instantly, but it lingers in my thoughts.
RépondreSupprimer