Un enfant silencieux
(Forêt de Rambouillet, Yvelines, 4 octobre, 16h 45)
C’est un enfant, un enfant silencieux, il sera toujours un enfant, il ne l’a pas décidé, c’est ainsi
c’est à cause du soleil et de l’humus, à cause des arbres, des racines sous la terre.
Il suit la piste des bêtes, il noue des bouts de ficelle, il fait marcher ses doigts sur le bois, il ne détourne pas les yeux devant la charogne.
Il a appris une langue, celle de son père et de sa mère, la seule qu’il connaisse. Avec, il parle, sans arrêt, ses mots sont un vent léger qui ne fait qu’agiter les fougères, un vent qui bourdonne dans la cheminée, un vent qui marque le sable, un vent qui efface, qui souffle sur la plaie comme le fait la mère. Il parle sans arrêt, mais ce n’est que du vent, ça ne va pas sous la terre, il le sait, quand bien même il parlerait toutes les langues ça n’ira pas sous la terre. Il faut taper du pied, il faut parler plus fort, plus grave surtout, il le sait, la voix de la grand mère devenue grave va au fond du ventre. Battre la mesure, descendre d’une octave ou deux, pour faire parler son silence.
Il peut rester des heures aux portes des terriers, attendre que quelqu’un sorte, pour le saluer.
Mon cœur est un terrier, c’est ce qu’il se dit quand il suit la trace au milieu des sapins, mon cœur est un terrier et je suis un enfant silencieux.
J'aime beaucoup cette évocation du silence.
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