samedi 20 mars 2021


La Côte des Basques

Pour François 

(Biarritz, 19 mars, 16h 25)

La Côte des Basques, le berceau du surf en France.

La première fois que je suis venu surfer ici c’était avec mon oncle François, dans les années 60.

C’était la première fois que j’affrontais des vagues autres que celles d’Hendaye, la ville des origines.

Des vagues autrement puissantes. 

J’étais un gamin qui suivait les grands avec leurs immenses planches. Celle de François était blanche, démesurée. Je ne pouvais la porter que sur la tête. Elle était si lourde que  j’avais le cou qui rentrait dans les épaules. 

Nous surfions sans leash, sans combinaison, tout cela n’existait pas encore, il fallait être bon nageur.

Ce jour là j’avais ma planche, à moi, une Barland flambant neuve, grise au dessous, blanche dessus. Quand mon père l’avait  achetée, il avait précisé que c’était pour toute la famille, mais j’ai très  vite compris que ni lui ni mes sœurs n’en feraient usage. J’aurais la planche pour moi, je pouvais désormais surfer avec François.

Nous étions partis en 2CV, les deux planches dépassant du toit décapoté.

Je me souviens parfaitement de cette session au bout de la plage de la Côte des Basques, des frayeurs et des nouvelles sensations dans des vagues très creuses. Je me souviens d’une chute et de la difficulté à regagner la plage.

En surf, c’est comme au théâtre, il y a des sessions qui sont gravées dans le corps, on ne les oublie pas.

Comme cette  autre quelques années plus tard avec Roland, le fils de François, à Bidart dans une mer déchaînée. J’en garde l’image extraordinairement précise d’une vague énorme, une droite, et du bottom turn, backside, dans un cri gonflé d’adrénaline.

Aujourd’hui la mer est plutôt calme, la puissance est dans le ciel. 

François s’en est allé le 12 février, c’était le dernier d’une fratrie de quatre. Il avait 88 ans. Mon père était l’ainé.

Voilà pourquoi je pense à lui, à Roland et à ses frères et sœurs, du haut de la Côte des Basques,

un jour où les vagues sont dans le ciel.

1 commentaire:

  1. The mental image of the huge board sticking out of the 2CV made me laugh--- but quietly. I didn't want to insult the board or the car.

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