La moitié d'une lettre
(Vaucresson, 10h 40)
Je suis entré un jour dans une maison abandonnée.
Une maison de bois en haut d’une colline.
Du toit pendait une gouttière percée.
Autour l’herbe était sèche et la terre poussière.
Un arbre, un seul, veillait à quelques pas.
Depuis longtemps. Un tilleul chargé de fleurs.
Trois marches, une véranda, une chaise, une porte sans poignée.
Une porte entrouverte qui racle le sol.
La toile d’araignée qui frôle le visage au passage, la lumière qui me précède.
Dedans tout est couvert d’une fine pellicule grise.
Une grande table, deux bancs. Des bêtes ont marché sur la table.
Dans une antique baratte des cannes et un sabre de cavalerie.
Sur la table, une feuille de papier froissée, un crayon de bois.
Ni mot, ni lettre, la moitié d’une lettre, une majuscule, boucle interrompue.
Une ébauche, le premier geste, timide, d’une ébauche.
Lettre d’adieu, lettre d’amour…
Le trait est inachevé mais net. Son interruption est volontaire.
Un courant d’air. Soudain.
Beautiful flower--- THoughtful words--- An unwritten letter, and an unfinished life.
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