A coté
De pâles étendards, des rêves d’enfants, cosmonautes et conquistadors, des images pour abolir le temps.
Enfant, je lisais Tout L’Univers, Tintin, et Jules Verne. Mon lit était l’univers entier. J’ai toujours lu allongé. Sans doute est ce une position propice à la grande évasion. Il y avait les livres et BD autorisés, mais aussi le reste, le « vulgaire ». Les comics américains, Akim, Mandrake, Davy Crocket… Il étaient mes héros, mon shoot. Je m’approvisionnais à la librairie de la résidence ( une résidence c’est une cité, mais avec des bourgeois…). Ma technique était rodée. Je glissais dans un grand magazine - le journal de Mickey - tous les autres, plus petits, et je ne payais que le premier avec quelques pièces que j’avais fauché à ma mère.
Puis je consommais sur mon lit, un Tout L’Univers à portée de main, prêt à recouvrir l’objet du délit au cas mon père entrerait. Et je m’envolais, je gueulais, je bousculais tout autour de moi, rien ni personne ne me résistait. C’est ce monde que je choisissais plutôt que celui trop policé que l’on voulait pour moi. Regarder à coté, marcher à coté.
Des années plus tard, des années à parcourir d’autres routes que celles imaginées par un couple sans histoires, je me rends compte que si on ne m’ a pas montré ce qu’il y avait à coté, à la cave où au grenier, on ne m’ a jamais empêché d’y aller…