L'homme qui comptait ses pas
C’est pour elle qu’il a acheté cette voiture. Jaune, pour la lumière et la nostalgie. Jaune, pour Van Gogh et l’Andalousie. C’est pour elle qu’il a vendu son bateau et est venu habiter sur Java Eiland. C’est pour elle qu’il a rasé sa barbe et coupé ses cheveux. Il lui a offert le seul livre qu’il possédait, un exemplaire unique, dédicacé, de « Initiation à la haute volupté » de Isidore Isou.
Ils se sont rencontrés sur un quai de Bruxelles-Nord. Il était tard, la gare était déserte, il lui a raconté l’histoire de Nasr Eddin Hodja et sa poule qui pense. Ensemble, Ils ont bu du vin espagnol et dansé au son des bandas. Ils faisaient l’amour partout, tout le temps, dès qu’ils se sentaient à l’abri des regards.
Et puis plus rien. Elle riait moins à ses histoires. Elle dormait toujours à ses cotés mais refusait qu’il la caresse. Elle posait la tête sur sa poitrine, le regard de plus en plus lointain. Elle ne disait rien.
Ce matin, elle lui a simplement dit : Pars. Il l’a regardée, longuement. Et il est parti. Sans rien emporter, comme il fait à chaque fois.
L’appartement, c’est la fenêtre visible au fond de l’image.
Lui, il est là, à peine visible, déjà. Il compte ses pas. Si au bout de cent cinquante pas elle ne le rappelle pas, il part définitivement. A pieds. Même la voiture, il la laisse. Cent cinquante pas.
La dernière fois, à Valparaiso, avec Catalina, c’était quatre vingt dix pas…
J'aime Pierre, continue tu as des histoires plein les poches!
RépondreSupprimerBisous cailloux.
Stéphanie