dimanche 8 novembre 2015


Guerre et Paix


Ma grand mère avait les cheveux comme les nuages. Elle s’appelait Marguerite, elle avait les yeux bleus. Un jour, j’avais six ans, nous sommes allés au musée de la marine. Elle et moi. Seulement elle, et moi, le petit garçon qui déjà rêvait d’aventures. Elle m’avait offert un petit navire de guerre. Une maquette argentée. Avec des canons. Sur le chemin du retour je tenais fermement le bateau, joyeux et fier, l’autre main dans celle de ma grand mère. A sa mort, j’avais huit ans, j’ai pleuré. Pas beaucoup. Comme un enfant qui n’a de cesse de jouer. A son enterrement, on m’avait habillé d’un blazer bleu marine, une chemise blanche et une cravate noire qui tenait par un élastique. Je rejetai ma cravate sur l’épaule,  comme James Bond en pleine action, et courai dans le jardin poursuivi par mes cousins armés de fusils de bois.
Elle est sur sont lit, adossée aux oreillers. Le dessus de lit, replié aux pieds, est vert. La lumière tamisée de la chambre effleure ses cheveux roulés en tresses sur les cotés. Elle sourit. C’est la dernière image que j’ai d’elle. Une image infiniment paisible.
Je n’ai pas fait mon service militaire. En âge de partir, je refusais toute autorité et surtout commençais à « faire l’acteur ». Il n’était pas question de couper cet élan vers ce monde de jeu, d’images, de mots, de poésie et de rencontres qui me semblait si familier et nécessaire.
Et jamais je n’ai cessé d’aimer jouer au cowboys et aux indiens, tout en rêvant d’un monde pacifié…

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