mardi 24 novembre 2015



 Par la fenêtre


Un pâle sourire, quelques mots à peine articulés  et le vieil homme s’est endormi sur son lit d’hôpital. En quelques jours son regard s’est vidé et sa mémoire s’est fissurée. Son fils est là à coté, il regarde par la fenêtre. Le ciel est bas, pas d’oiseaux, pas d’avions, du gris. Et un peu de rouge, en bas. Petit à petit son attention se fixe sur ce carré rouge, avec une minuscule fenêtre.
Une boite où serait enfermé tout ce que son père n’a jamais pu lui dire. Il suffirait de poser l’oeil sur la lucarne. A l’intérieur, l’Indochine, les soieries, les boys, le Mékong, le Sénégal, le port de Dakar, l’Algérie, la guerre, la Suède, les filles sur les trottoirs. Des bruits, des odeurs, des sentiments, des passions, des doutes, des découvertes, de la musique. Les lieux, les dates, il les connait. C’est avec les mots et les émotions que son père avait des difficultés, pas avec les chiffres.
Mais la boite rouge est trop loin maintenant, il ne saura rien du coeur du vieil homme. Après tout, ce n’est rien. Elle est belle cette boite, c’est cela qui compte. Et il y a quelques arbres autour. Lui le fils, il aime les arbres. Et puis son père lui a souri quand il est arrivé, alors…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire