jeudi 11 avril 2019



Il a suffi d'une caïpirinha


(Oiapoque, Brésil, 9 avril)

Il a suffi d’une caïpirinha au Chàcara Do Rona pour se perdre en chemin,
voir la lune à l’envers sur un pont branlant, trébucher sur les nids de poules,
voir venir du fond d’une rue déserte Leyla Mccalla son banjo à la main.
Leyla chante The Capitalist Blues, Leyla chante Money is King.
On a construit un pont sur l’Oyapock, un pont qui ne sert pas à grand chose,
un pont pour s’en mettre plein les fouilles, Money is King.
À Saint-Georges-de-L’Oyapock la corruption va grand train.
D’une rive à l’autre on s’offre pour quelques réals, pour des papiers,
pour un collier de perles, pour une promesse.
On finit dans la nuit noire sous les yeux du crapaud buffle.
Il a suffi d’une caïpirinha pour succomber à la voix de Leyla,
chanter malgré tout, aller pieds nus, aimer encore.

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