Une maison
(Cayenne, Guyane, 13 Avril)
Docteur Raphaella Gustave-Rabord. C’est la dernière personne qui a vécu ici. C’est écrit.
Je l’imagine magicienne aux mains d’or capable au premier coup d’œil de deviner sous la peau les articulations douloureuses.
Les murs, portes et volets parlent. La peinture s’écaille, dévoile de petits bouts d’histoires, tandis que le chant du griot égrène les noms des ancêtres.
Un jour une femme dos au mur a glissé lentement en se couvrant le visage.
Un jour un homme a ouvert la porte en criant: c’est un garçon!
Un jour un enfant a retenu ses larmes tandis que sa mère extrayait une écharde de son doigt.
Un jour deux sœurs se sont disputées pour une question d’héritage.
Un jour une femme amoureuse, au moment de frapper à la porte de bois, a interrompu son geste et fait demi-tour.
Un jour un chien a gémi la nuit entière.
Un jour un homme a volé une horloge dans une cloche de verre.
Un jour un enfant a menti à son père.
Un jour un mari a menti à sa femme.
Un jour un homme est entré, on a crié: il est revenu!
Un jour un vieil homme a pleuré.
Un jour, dans la maison vide, il n’y eu que la poussière en suspension.
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