lundi 15 avril 2019


Incendie


(Cayenne, Guyane, 13 avril)

Comment ne pas faire de tragiques raccourcis.
J’ai fait cette photo samedi de retour d’une marche en forêt. Un vagabond quasiment nu, agité de tocs venait de se lever de ce banc, s’en allait la démarche hésitante sur le trottoir défoncé.
Une phrase que je ne cesse d’entendre depuis le début de mon séjour me tournait dans la tête: tout se barre en couille…
Un marin ici depuis sept ans me disait qu’il était temps de reprendre la mer.
Nous nous disions encore, avec un fragile optimisme, qu’il restera toujours la haute forêt.
Aujourd’hui à Paris, Notre-Dame est en feu. Samedi encore a eu son lot de violences policières. Combien de livres de science-fiction ont été écrits, décrivant un monde totalitaire où les nantis vivent dans des bunkers aseptisés tandis que des foules affamées se pressent aux portes définitivement closes.
Notre-Dame est en feu. Ce n’est qu’un accident. Mais le symbole à cet instant est bouleversant.
Celui d’un monde vacillant.
Il y a au dessus de mon bureau à Vaucresson le tableau d’un ami, un bleu intense avec des éclats de couleurs qui vont en cercle. Il s’était inspiré de la rosace de Notre-dame.
Il y aura toujours l’art, et la haute forêt.

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