L'usine
(Travaillan, Vaucluse, 17 juin, 15h 12)
C’est un môme, douze ans à peine.
Couché dans les herbes sèches, armé d’une carabine à air comprimé, il vise le mur de tôle.
Chaque tir, le plomb s’écrase sur le métal, un bruit sec, gris sur gris.
Le gosse ne se préoccupe pas des insectes qui courent sur ses jambes et ses bras.
Il en veut à ce géant de fer couché le long du champ du vieux. Bien trop près.
Il ne dormait pas hier soir quand le patron de l’usine est venu voir le vieux avec deux bouteilles de vin, des documents et un stylo.
Il a tout vu, tout entendu. Le vieux a signé. Il n’a plus toute sa tête, ça, le môme, il s’en est rendu compte.
Le vieux a signé pour laisser passer les camions sur son terrain de jeu, le vieux a signé pour couper son arbre à cabane, le vieux a signé pour du bitume et du métal au lieux des herbes et des fleurs.
Il en veut au vieux. Il ne lui parlera plus. Ce sera difficile, mais c’est comme ça. C’est le vieux qui lui a appris à être un dur, c’est le vieux qui lui offert la carabine. Si seulement il lui avait demandé son avis.
C’est trop con!
Le môme serre les dents, retient ses larmes et tire sur la tôle grise jusqu’à ce qu’il ne reste plus un plomb dans la boite.
A complete story is so few words. And a very fine picture.
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