vendredi 24 juillet 2020



Un grand paillasson


(Frasnay-Reugny, Nièvre, 20h)

Si bien sur la route. Nous continuons notre tour de France des amis, oncles, tantes, cousins. Comme une urgence de se retrouver quand rôde la menace. Ce soir nous sommes chez Danielle et Claude, et leurs enfants Marie et François. Claude s’en est allé il y a quelques semaines, c’était un formidable comédien, comme son épouse Danielle. Une famille qui consacra sa vie au théâtre avec une joie sans retenue. Les enfants y goûtèrent, Marie fut scénographe avant de changer de profession, François s’essaya au métier de comédien avant de devenir libraire.
Sur le pas de la porte, devant ces douces pentes d’herbe rase et jaune, immédiatement je revois le décor de « On a marché sur la Terre » spectacle crée avec F. Cervantes. Un immense paillasson, pentu en fond de scène, sur lequel, encadrés de quatre musiciens nous jouions cœurs à nu.
Nous avons crée ce spectacle en 1992, à Avignon, dans un lieu que nous avions nous même entièrement aménagé, et que nous partagions avec Claude qui jouait un spectacle avec Philippe Avron et Marianne Sergent  (les éternels complices Avron et Évrard se retrouvait sur scène).
À cette occasion, sur ce paillasson, Danielle avait présenté une formidable lecture du texte d’Annie Ernaux, La Place, Marie avait présenté son tout premier travail de scénographe, et François avait joué une adaptation d’Amok de Stefan Zweig. 
Une famille de théâtre sur un grand paillasson. Le paillasson se couvrait de fleurs rouges alors qu’en hauts talons je courais en riant aux éclats. J’étais là avec une troupe qui était aussi une famille, une famille choisie.
Ce soir François et Marie ébauchent tout un tas de projets autour de cette maison qui nous accueille, ils sont comme deux gamins qui jouent aux cubes, Roger le compagnon de François, veille avec une extraordinaire attention, Danielle s’étouffe un peu après avoir trempé son doigt dans la crème fraiche, la tarte aux mirabelles est délicieuse, Sophie est heureuse avec sa famille, 
et j’ai une furieuse envie de dévaler ce paillasson avec eux, avec eux et tous ceux que nous retrouvons ces derniers temps,  en riant aux éclats.

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