Le parfum des genêts
(Balloy, Seine-et-Marne, 29 mai, 19h 30)
Si peu de choses à raconter ce soir.
Je butine dans les souvenirs.
Quand mon père a construit sa maison à Hendaye, on a trouvé une vertèbre de baleine dans le sable. Elle fut un temps ma table de chevet sur laquelle était posé le livre de Herman Melville, Moby Dick.
Je me souviens avoir marché avec une canne de bambou ouvragée, coiffé d’un haut de forme, vêtu d’un kimono, après m’être foulé la cheville.
Achab.
Plus tard je fus Achab le temps d’un film.
Cet après-midi j’ai entendu une interview de l’artiste Abraham Pointcheval, l’homme qui a habité dans un rocher, dans un ours, dans une bouteille, l’homme qui a marché sur les nuages.
Émerveillé, comme devant la vertèbre du cétacé ou la pelote de déjection d’un hibou.
Jonas. Dans le ventre de la baleine.
Le parfum des genêts sur le sentier des douaniers. Les trainières qui filent vers le large, les chants rythmés des barreurs.
Dans le souvenir il y a le devenir.
Un jet de baguettes chinoises dans un rayon de soleil.
La vue baisse mais le regard s’élargit.
Habiter au large en dedans de soi.
Bras ouverts.
I was surprised by how much humor there is in Moby Dick when I finally got around to reading it a few years ago. Not like John Huston's rather dark film. I wonder if Abraham Pointchaval is trying to laugh at us all.
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